Entre le 11 et le 17 septembre 2025, le dirham marocain a reculé de 0,6 % par rapport à l’euro, tout en s’appréciant face au dollar. Un mouvement qui reflète la complexité des équilibres monétaires au Maroc, alors que les réserves de change reculent légèrement et que la Bourse de Casablanca fléchit
La question du taux de change reste centrale dans la politique monétaire du Maroc. Alors que le dirham a gagné 0,6 % face au dollar américain, il a perdu exactement la même proportion face à l’euro, selon le bulletin hebdomadaire publié par Bank Al-Maghrib (BAM). Cette évolution, loin d’être anodine, survient dans un contexte où les réserves de change s’érodent légèrement et où la place boursière marocaine corrige ses gains. Une situation qui mérite une lecture attentive, tant pour les ménages que pour les entreprises et investisseurs.
Dirham marocain – euro : une dépréciation qui interroge
La perte de 0,6 % du dirham vis-à-vis de la monnaie unique européenne s’explique par la forte présence de l’euro dans le panier de référence du dirham (60 % euro, 40 % dollar). Le recul s’inscrit donc dans une logique de correction liée aux variations de l’euro sur les marchés internationaux. Pour un pays où plus de 60 % des échanges commerciaux s’effectuent avec la zone euro, ce glissement du dirham est loin d’être anodin.
Évolution taux de change dirham euro (2025)
Période | Variation EUR / MAD | Avoirs de réserve (MMDH) | Volume moyen injections BAM (MMDH) | Performance MASI (%) |
---|---|---|---|---|
Semaine du 11-17 sept | – 0,6 % | 413,8 (–0,2 % vs semaine antérieure) | 136,8 MMDH | – 1,3 % |
Au 12 septembre (année glissante) | — | +13 % sur un an | — | +32,6 % depuis le début de l’année |
Les réserves de change en léger retrait
Au 12 septembre 2025, les avoirs officiels de réserve se sont établis à 413,8 milliards de dirhams, en recul de 0,2 % sur une semaine, mais en hausse de 13 % en glissement annuel. Ce tassement à court terme illustre la mobilisation des devises pour soutenir le marché intérieur, mais la progression sur un an reflète une résilience portée par les recettes touristiques, les transferts des MRE et certaines exportations stratégiques comme l’automobile ou le phosphate.
Bank Al-Maghrib a injecté 136,8 milliards de dirhams en moyenne quotidienne sur la semaine considérée, via plusieurs instruments : avances à 7 jours (59,9 MMDH), pensions livrées à long terme (40,9 MMDH) et prêts garantis (36,1 MMDH). Ce soutien à la liquidité montre une volonté de maintenir la stabilité financière et d’éviter toute tension sur le marché interbancaire, où le taux moyen est resté à 2,25 %.
La Bourse de Casablanca n’a pas échappé au mouvement. L’indice MASI a reculé de 1,3 %, ramenant sa performance annuelle à +32,6 %. Si le marché reste globalement haussier depuis janvier, cette correction traduit une nervosité des investisseurs face à la conjoncture internationale, à la volatilité des devises et aux incertitudes économiques régionales.

FAQ – Dirham marocain et euro
1. Pourquoi le dirham a-t-il baissé face à l’euro en septembre 2025 ?
Le recul de 0,6 % s’explique par la variation de l’euro sur les marchés internationaux et par la composition du panier de référence du dirham (60 % euro, 40 % dollar).
2. Cette baisse est-elle inquiétante pour l’économie marocaine ?
Non à court terme, mais elle peut affecter le pouvoir d’achat, surtout pour les produits importés d’Europe.
3. Quelles conséquences pour les exportateurs marocains ?
Un dirham plus faible face à l’euro rend les exportations marocaines plus compétitives, notamment dans l’industrie et l’agriculture.
4. Quel rôle joue Bank Al-Maghrib ?
La banque centrale régule le marché via des injections de liquidités et surveille le panier de devises pour limiter la volatilité excessive.
5. Le dirham est-il en danger ?
Pas à ce stade. Les réserves de change restent solides (+13 % en un an) et offrent une marge de sécurité.

Quels enjeux pour l’économie marocaine ?
- Pouvoir d’achat : une dépréciation du dirham face à l’euro renchérit mécaniquement les importations libellées dans cette devise (machines, médicaments, produits de consommation).
- Exportations : à l’inverse, ce glissement peut avantager certains exportateurs marocains, notamment dans le textile et l’agroalimentaire, en rendant leurs produits plus compétitifs.
- Tourisme et MRE : les entrées de devises (euros principalement) pourraient bénéficier d’une meilleure conversion, ce qui atténue partiellement l’impact négatif.
La récente baisse du dirham face à l’euro, combinée à un léger recul des réserves de change et à une correction boursière, souligne la fragilité des équilibres macroéconomiques du Maroc. Bank Al-Maghrib reste vigilante, naviguant entre soutien à la liquidité et stabilité monétaire. Mais cette évolution rappelle surtout que la dépendance du pays à l’euro demeure une donnée structurelle, à la fois contrainte et opportunité.
