Face à l’essor des transactions numériques, la Banque d’Algérie fixe les règles encadrant l’activité des prestataires de services de paiement. Ce cadre réglementaire précise les conditions d’agrément, les exigences techniques et les dispositifs de sécurité imposés aux nouveaux acteurs du paiement électronique, désormais autorisés à opérer en Algérie.
L’Algérie franchit une nouvelle étape dans la modernisation de son système financier. L’introduction officielle des prestataires de services de paiement (PSP) vient compléter un chantier amorcé depuis plusieurs années, visant à réduire la dépendance au cash et à stimuler l’usage des solutions numériques dans les transactions commerciales.
Cette évolution ne s’improvise pas. Pour encadrer cette transformation, la Banque d’Algérie a publié une instruction détaillée. Elle précise les critères d’installation des PSP, les exigences techniques et juridiques, et les dispositifs de contrôle destinés à garantir la sécurité des données et la conformité réglementaire. Ces nouvelles règles marquent un tournant dans la régulation des services financiers électroniques.
La Banque d’Algérie fixe les règles pour les acteurs du paiement numérique
Pour opérer en tant que PSP, toute entité souhaitant entrer sur le marché algérien doit désormais constituer un dossier d’agrément spécifique, adressé au président du Conseil monétaire et bancaire. Ce dossier comprend notamment une étude technico-économique, des projections financières sur trois ans, une stratégie tarifaire et marketing, et un descriptif détaillé de l’infrastructure technique.
Les exigences couvrent aussi l’origine des fonds, l’identité des actionnaires, ainsi que la mise en place d’un pacte d’actionnaires notarié. L’objectif est d’assurer que seuls les opérateurs solides et structurés puissent proposer des services de paiement électroniques en Algérie.
Ces prestataires doivent également disposer d’un capital minimum de 160 millions de dinars et installer leur siège social sur le territoire national. La plateforme de paiement, quant à elle, doit être interopérable avec les autres infrastructures existantes et permettre un accès sécurisé à l’ensemble des services proposés.

Sécurité des données et lutte contre la fraude dans les paiements digitaux
La Banque d’Algérie impose une vigilance accrue en matière de cybersécurité. Les prestataires sont tenus de déployer des mesures techniques pour protéger les données des utilisateurs et prévenir les risques de blanchiment d’argent ou d’activités frauduleuses.
Les procédures de traitement des réclamations, les conditions tarifaires, ainsi que les canaux de communication avec les utilisateurs doivent être clairement définis. Cette transparence est cruciale pour instaurer la confiance dans un écosystème encore en pleine construction.
Par ailleurs, les PSP doivent garantir une conformité aux normes de sécurité internationales, telles que celles définies par la norme PCI DSS, qui encadre le traitement des cartes de paiement. Ils doivent aussi intégrer des outils d’analyse pour détecter les comportements suspects en temps réel, à l’aide de solutions reposant souvent sur l’intelligence artificielle.
Services de paiement numérique disponibles et perspectives du secteur
La réglementation algérienne permet aux PSP d’offrir une large palette de services : exécution de virements et de prélèvements, émission de cartes, gestion de comptes de paiement, paiements via smartphones ou portefeuilles numériques. Ces prestations sont conçues pour faciliter les transactions entre commerçants et clients, mais aussi entre particuliers.
Ces acteurs tiers, qui jouent un rôle d’intermédiaire entre l’acheteur, la banque et le commerçant, peuvent aussi proposer des services de paiement récurrents, transnationaux ou multidevises. Cela ouvre la voie à des pratiques commerciales modernes alignées sur les standards internationaux.
Avec la digitalisation des paiements, l’Algérie rejoint la dynamique mondiale visant à simplifier les flux monétaires, sécuriser les échanges et renforcer l’inclusion financière. Des solutions comme Apple Pay, Google Pay ou encore les paiements par QR code pourraient à terme être intégrées aux plateformes algériennes si les acteurs locaux se dotent des infrastructures adéquates.
La mise en œuvre de ces règles s’inscrit dans un contexte de transformation économique où les paiements électroniques ne sont plus un simple confort mais une nécessité. En structurant l’entrée des prestataires sur ce marché, la Banque d’Algérie trace les contours d’un nouveau modèle de services financiers, en espérant, à terme, réduire significativement la part du cash dans les échanges quotidiens.