C’est une saisie exceptionnelle, à la fois par son ampleur et par le produit visé. Fin mars, les services douaniers du Port de Marseille ont intercepté un conteneur venu d’Algérie, contenant près de 10 tonnes de pâte à tartiner El Mordjene, un produit devenu célèbre sur les réseaux sociaux, mais interdit à la vente dans l’Union européenne pour non-conformité sanitaire.
À l’heure où les contrôles sanitaires aux frontières se renforcent, une saisie inattendue vient de marquer les quais du port de Marseille. Près de dix tonnes de chocolat El Mordjene, une pâte à tartiner populaire venue d’Algérie, ont été interceptées par les douanes. Derrière cette cargaison sucrée, un enjeu bien plus sérieux , celui du respect des normes européennes en matière de sécurité alimentaire. Alors que le produit fait le bonheur de nombreux foyers outre-Méditerranée, son interdiction dans l’UE révèle la complexité croissante des échanges non conformes. Une affaire qui illustre, au-delà des chiffres, les tensions discrètes entre nostalgie gustative et exigences sanitaires.
Saisie record au port de Marseille
Le port de Marseille, carrefour de milliers de tonnes de marchandises chaque semaine, a été le théâtre d’une saisie inhabituelle. Fin mars 2025, les douanes françaises ont intercepté un conteneur venu tout droit d’Algérie. À l’intérieur, près de 10 tonnes de pâte à tartiner El Mordjene, une marque algérienne devenue célèbre sur les réseaux sociaux, mais qui reste formellement interdite à la vente dans l’Union européenne. Le motif ? Une non-conformité avec les normes sanitaires européennes, en particulier sur les produits laitiers.
Les agents de la douane ne s’attendaient peut-être pas à cela en ouvrant ce conteneur en provenance d’Algérie. Derrière les portes métalliques, 18 palettes soigneusement empilées de pots au couvercle rouge vif, la fameuse pâte à tartiner El Mordjene, un produit qui a fait le buzz en 2024 pour son goût prononcé de noisette… et son prix imbattable.
Mais ce que les consommateurs voient comme une bonne affaire peut parfois cacher une réalité moins reluisante. En effet, ce produit est interdit à la vente sur le marché européen depuis plusieurs mois. En cause, l’absence de conformité avec les normes sanitaires européennes encadrant les produits contenant des dérivés laitiers. L’UE impose des règles strictes en matière de traçabilité, de contrôle vétérinaire et de traitement des matières premières animales, autant de critères qui n’ont pas été respectés selon les autorités.

El Mordjene, un produit au goût sucré… mais au dossier plus amer
Le nom d’El Mordjene évoque pour beaucoup une gourmandise familière, vendue dans les échoppes algériennes ou ramenée dans les valises après les vacances. Très populaire sur TikTok et Instagram en 2024, ce chocolat à tartiner avait conquis un public fidèle. Pourtant, cette notoriété n’aura pas suffi à lui ouvrir les portes du marché européen.
Ce n’est pas une caisse ou deux qui ont été interceptées, mais 18 palettes entières, contenant au total 2 556 colis, soit environ 15 300 pots de cette pâte à tartiner. Le poids total s’élève à près de 9,7 tonnes pour El Mordjene seul. Mais le conteneur transportait aussi 1 800 kg de nappage et plus de 7 tonnes d’autres produits alimentaires également interdits sur le sol européen.
Un proche du dossier confie qu’il s’agit probablement d’une saisie record pour ce type de denrées alimentaires à Marseille. C’est du jamais vu dans ce port, pourtant habitué aux cargaisons volumineuses et aux inspections rigoureuses. Le Port de Marseille se retrouve ainsi au centre d’une affaire qui souligne une nouvelle fois la vigilance croissante autour des importations alimentaires non conformes.
Les risques pour la santé et les circuits de revente informels
Cette saisie spectaculaire, au-delà de son aspect insolite, soulève une vraie question, comment concilier l’attachement culturel à certains produits avec la rigueur sanitaire imposée par les règlements européens ? Pour de nombreux Algériens de France, El Mordjene représente bien plus qu’une pâte à tartiner ; c’est une madeleine de Proust. Mais face aux impératifs de santé publique, la nostalgie ne suffit pas.
Au-delà des chiffres, c’est la question de la sécurité des consommateurs qui est au cœur de cette affaire. Les produits saisis ne sont pas passés par les contrôles vétérinaires européens, et leur traçabilité reste floue. La composition, le traitement des matières premières, ou encore les conditions de transport ne répondent pas aux standards en vigueur.
En clair, ces pots de chocolat El Mordjene auraient pu se retrouver sur des étals informels, dans des épiceries ou sur internet, sans aucune garantie de salubrité. Or, les produits alimentaires d’origine laitière mal conservés ou mal préparés peuvent représenter un risque sanitaire réel, notamment pour les enfants.
Une vigilance accrue sur les importations alimentaires
Cette affaire vient rappeler une tendance de fond, les douanes françaises renforcent leurs contrôles, en particulier sur les denrées alimentaires. Avec l’explosion des flux commerciaux et des plateformes de vente en ligne, la tentation est grande d’importer des produits populaires à bas coût, même si ceux-ci sont interdits.
Pour les autorités, cette saisie sert aussi d’exemple. Le message est clair : toute tentative de contourner les normes européennes sera sanctionnée. Et le Port de Marseille, par sa position stratégique, reste un point de passage hautement surveillé.
L’histoire aurait pu rester confidentielle. Mais avec près de 10 tonnes de pâte à tartiner El Mordjene interceptées, ce coup de filet retient l’attention. À l’heure où les échanges commerciaux se globalisent, la provenance des produits, leur conformité et leur traçabilité deviennent plus que jamais des enjeux de santé publique.