En Algérie, obtenir un rendez-vous visa Espagne est devenu un parcours semé d’embûches. Les créneaux sont quasi inexistants, les délais interminables, et le marché noir prospère. Pour espérer un créneau, certains déboursent jusqu’à 10 millions de centimes. Malgré les ajustements annoncés par BLS International, la demande continue de dépasser largement l’offre.
Depuis plusieurs semaines, obtenir un rendez-vous pour un visa vers l’Espagne est devenu un véritable parcours du combattant en Algérie. Face à la saturation des créneaux en ligne, un marché parallèle s’est installé, où des rendez-vous censés être gratuits se négocient à des tarifs exorbitants. Une situation qui alimente la frustration des demandeurs et met en lumière les failles d’un système déjà fortement critiqué.
Un système saturé qui alimente le marché parallèle
Les demandeurs de visas espagnols se heurtent à un mur, depuis des mois. Le centre BLS International, chargé de la réception des dossiers pour le compte du consulat d’Espagne, ne parvient plus à absorber l’afflux massif de demandes. Résultat, une pénurie de rendez-vous qui a fait naître un marché noir aussi florissant qu’inaccessible pour la majorité des citoyens.
Les prix pratiqués par les intermédiaires donnent le vertige. Pour une première demande, il faut compter jusqu’à 10 millions de centimes, soit l’équivalent de 100 000 dinars. Les renouvellements, eux, oscillent entre 3,5 et 8,5 millions selon la durée du visa, trois mois, six mois, un an ou deux ans. Un business parallèle qui se nourrit du désespoir des voyageurs.
Cette dérive a fini par attirer l’attention de la classe politique. Le député Rachid Cherchar a publiquement interpellé le ministère des Affaires étrangères afin qu’une enquête soit ouverte sur ces pratiques illégales, devenues monnaie courante.
Rendez-vous visa Espagne, BLS International tente d’ajuster ses services
Officiellement, un rendez-vous chez BLS reste gratuit. Le demandeur doit uniquement présenter une carte CIB ou Edahabia à son nom pour s’acquitter des frais. Mais dans la pratique, les coûts additionnels ne cessent d’augmenter.
L’organisme propose désormais des services payants? l’envoi du passeport par courrier facturé 1 155 dinars à Alger et 1 732 dinars à Oran, la prise de photos à 330 dinars, la photocopie à 6 dinars la page ou encore le service SMS à 220 dinars. Les options dites “premium” vont plus loin? 4 620 dinars pour accéder à un salon privé, et plus de 22 000 dinars pour un service de biométrie mobile.
Depuis avril 2025, BLS a aussi modifié ses procédures? toute demande doit passer par une plateforme en ligne, supprimant progressivement l’option par e-mail. À Oran, une nouveauté permet aux détenteurs d’un visa de deux ans ou plus, délivré après janvier 2022, de déposer un dossier sans rendez-vous. Une mesure censée fluidifier le système, mais qui reste limitée à une minorité de bénéficiaires.
Témoignages de demandeurs désabusés
Du côté des citoyens, la frustration est palpable. « Je me connecte à toute heure, de jour comme de nuit, mais rien n’apparaît », déplore un demandeur sur les réseaux sociaux. Une autre voix s’interroge : « Comment se fait-il qu’aucun rendez-vous ne soit disponible alors que des intermédiaires en proposent à prix d’or ? »
Un internaute raconte l’histoire bouleversante d’un voisin souffrant de maladies chroniques et nécessitant un traitement à l’étranger : « Sa vue baisse de jour en jour, et malgré l’urgence médicale, il n’arrive pas à obtenir de rendez-vous. »
Ces témoignages traduisent un ras-le-bol généralisé. Le sentiment d’injustice grandit, car les rendez-vous semblent systématiquement bloqués pour le grand public, alors qu’ils circulent librement sur le marché noir.
Pourquoi l’Espagne attire autant ?
Alors que la France reste la destination la plus sollicitée, ses conditions d’octroi de visas se sont nettement durcies ces dernières années. Beaucoup d’Algériens se tournent donc vers l’Espagne, considérée comme une alternative plus souple pour entrer dans l’espace Schengen.
Cependant, la réalité n’est guère plus simple, délais longs, quotas réduits, refus fréquents. L’Espagne reste malgré tout perçue comme une porte d’entrée vers l’Europe, notamment grâce aux liens économiques, culturels et humains qui l’unissent à l’Algérie.

Le problème des rendez-vous visa Espagne dépasse la simple question technique. Il pose un véritable enjeu social et politique. Laisser prospérer le marché noir, c’est renforcer l’idée que seuls ceux qui peuvent payer accèdent à leurs droits. Plusieurs pistes sont avancées :
- sanctionner fermement les revendeurs illégaux,
- renforcer la transparence des créneaux disponibles,
- améliorer la fluidité des plateformes officielles,
- et sensibiliser les demandeurs à éviter de recourir aux intermédiaires.
- Une enquête administrative a d’ailleurs été réclamée pour identifier les failles dans le système et mettre fin à ces dérives.
Décrocher un rendez-vous visa Espagne en Algérie s’apparente aujourd’hui à une épreuve. Entre files d’attente virtuelles interminables, créneaux introuvables et tarifs délirants sur le marché noir, les citoyens se sentent abandonnés. L’État et BLS International sont désormais face à une responsabilité majeure : redonner confiance en garantissant un accès équitable, transparent et digne au visa espagnol.