Imaginez ouvrir une agence de transfert d’argent. Vous investissez temps, argent, énergie. Vous joignez la grande famille des franchisés Canal M, agréée par Bank Al‑Maghrib, pour servir une clientèle de la diaspora, de petites entreprises. Et un beau matin, les fonds s’évaporent.
La crise qui secoue actuellement le secteur des transferts d’argent au Maroc provoque une perte de confiance majeure dans un domaine essentiel de l’économie nationale. Des agences concernées, jouent un rôle clé dans la circulation des fonds, en particulier pour les Marocains résidant à l’étranger.
Accusations de fraude financière, de gestion opaque, de promesses non tenues remontent jusqu’aux plus hautes sphères. De nombreux franchisés, souvent jeunes ou issus de la diaspora, se retrouvent menacés d’expulsion, poursuivis en justice, ou carrément ruinés, après avoir investi dans ce réseau présenté comme fiable.
Transfert d’argent au cœur de l’économie marocaine
Le Maroc repose en bonne partie sur les transferts des MRE pour stabiliser sa balance des paiements. Selon Le360, les transferts ont dépassé les 9 millions de dollars en début 2025
Depuis juillet 2025, un vent de panique souffle sur plus de 60 agences affiliées à MEA Finance, opérant sous la marque Canal M. Ces agences, essentiellement dirigées par des jeunes, souvent membres de la MRE, se retrouvent au bord de l’inactivité. Pourquoi ? Parce que la maison‑mère, MEA Finance, aurait bloqué des sommes importantes issues des transferts sans explication ni justification, pour une durée pouvant atteindre plus d’un an.
Au cœur de cette crise se trouve la fuite du directeur général de MEA Finance. Parti à l’étranger, il a laissé derrière lui un réseau sans pilote, sans interlocuteur pour gérer le dossier. Les franchisés racontent des engagements non tenus, des promesses orales jamais concrétisées, et aujourd’hui un vide total. Impossible d’obtenir des explications ou un déblocage des fonds

Conséquence, dettes bancaires, menaces d’expulsion des locaux, perte de clients, impact social brutal. Beaucoup expliquent qu’ils ont contracté des prêts pour amorcer ces projets. Or, sans liquidités, impossible de rembourser, et le risque de saisie plane au-dessus d’eux. plus de 40 franchisés ont porté plainte auprès du tribunal correctionnel de Casablanca pour
Des sit‑in ont eu lieu, notamment devant le siège de MEA Finance à Casablanca, mais aussi devant le Parlement, en espérant qu’une intervention officielle vienne enfin amorcer la résolution du conflit. Le montant des fonds bloqués frôle les plus de 30 millions de dirhams, sans compter les répercussions sur les franchisés, leurs familles et employés
Et pour certains, ce transfert d’argent représentait plus qu’un simple business, c’était une bouée de sécurité financière pour leurs proches, un accès à l’entrepreneuriat marocain, un projet de vie.
Aujourd’hui, sans ce revenu, c’est tout un écosystème familial et économique qui vacille. L’épuisement financier et psychologique s’installe, tout comme la désillusion face à des dispositifs publics supposés soutenir les jeunes entrepreneurs.