Une pâte à tartiner vendue en supermarché en France utilise les codes d’El Mordjene sans en être l’originale. Cette imitation soulève des questions, car la véritable El Mordjene en vente libre hors d’Algérie n’existe pas officiellement, selon son fabricant Cebon, qui dénonce une contrefaçon et alerte les consommateurs.
Pour beaucoup de consommateurs, la marque El Mordjene évoque immédiatement le goût bien connu de la pâte à tartiner algérienne produite par la société Cebon. En Algérie, ce produit est presque devenu culte, s’imposant dans les foyers et les rayons d’épicerie comme une référence incontournable. Son succès rapide a également suscité la convoitise… et visiblement, certaines copies.
Ce phénomène a franchi les frontières. Aujourd’hui, en France, une pâte à tartiner présentée comme proche d’El Mordjene est vendue en supermarché. Elle porte un nom différent, mais l’allusion à l’originale est évidente. Face à cette situation, l’entreprise Cebon a réagi fermement, dénonçant une imitation commerciale qu’elle qualifie d’abusive.
El Mordjene en vente libre en France sans autorisation de Cebon
La marque El Mordjene ne connaît officiellement aucune distribution en dehors du territoire algérien. Dans un communiqué publié le 20 mai, la société Cebon précise que ses produits ne sont fabriqués qu’en Algérie, dans ses installations de Fouka, dans la wilaya de Tipaza. Elle ajoute que tout article revendiquant une origine Cebon, sans y avoir été autorisé, constitue une contrefaçon.
Pourtant, en France, certains consommateurs peuvent se procurer un produit qui reprend les codes visuels et le style d’El Mordjene. Ce produit, baptisé Nella Délice, est fabriqué en Turquie. Il n’est pas importé depuis l’Algérie, car la réglementation française interdit l’entrée de certaines denrées contenant du lait en provenance d’Algérie. Cette restriction ouvre la porte à des alternatives produites ailleurs, qui tentent de se positionner dans le sillage de la célèbre pâte à tartiner algérienne.
Cebon insiste : il n’y a aucun lien entre ses produits et ceux commercialisés sous d’autres noms à l’étranger, même si l’emballage ou la recette peut prêter à confusion. La marque appelle à la vigilance et promet des actions pour défendre son identité.

Les enjeux autour de la contrefaçon alimentaire et de la réputation de marque
Le marché de la pâte à tartiner El Mordjene est particulièrement concurrentiel. Des marques locales ou internationales cherchent souvent à capitaliser sur la popularité d’un produit en reproduisant son apparence ou son goût. Ce phénomène est accentué quand une marque, comme El Mordjene, acquiert une notoriété communautaire forte, notamment dans la diaspora algérienne installée en France.
L’affaire Nella Délice illustre cette stratégie. Présentée comme un produit « inspiré » de l’originale, cette pâte à tartiner cherche à occuper un créneau culturel et émotionnel laissé vacant par l’interdiction des produits laitiers algériens en France. Mais la ressemblance n’est pas un hasard, et c’est bien là que réside le problème du point de vue de Cebon.
Pour l’entreprise algérienne, il ne s’agit pas seulement d’un conflit commercial, mais d’un enjeu de propriété intellectuelle et de confiance consommateur. En effet, si des produits de qualité différente circulent sous des apparences proches, cela peut nuire à l’image de la marque d’origine. Ce risque de confusion est au cœur des accusations de contrefaçon.
Cebon ne cite pas explicitement Nella Délice dans ses communiqués, mais les allusions sont claires. Et ce n’est pas la première fois que l’entreprise monte au créneau pour dénoncer ce genre de pratique.
Une situation rendue possible par les limites des contrôles à l’importation
La présence d’une contrefaçon d’El Mordjene en France, même sans qu’elle soit désignée comme telle par les autorités, met en lumière un vide réglementaire. Tant que le produit est fabriqué dans un pays autorisé, comme la Turquie, et respecte les normes sanitaires européennes, il peut être légalement mis en vente sur le territoire français.
Ce système crée une zone grise pour les marques originelles qui n’ont pas la possibilité d’exporter directement, que ce soit pour des raisons légales ou logistiques. Les consommateurs, de leur côté, peuvent difficilement faire la distinction entre un produit authentique et une imitation, surtout si l’emballage et le goût sont conçus pour rappeler l’original.
La marque El Mordjene, bien qu’absente du marché français, reste donc présente… à travers des produits qui n’ont d’El Mordjene que l’apparence. Pour l’instant, aucune procédure judiciaire n’a été rendue publique, mais la société Cebon promet de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre son produit et sa réputation.
Pendant que Nella Délice continue de remplir les rayons en France, les fans d’El Mordjene, eux, doivent composer avec cette version parallèle, sans garantie d’origine ni lien officiel avec la célèbre pâte à tartiner algérienne.