Alors que l’Espagne et le Portugal ont subi une gigantesque panne d’électricité le 28 avril 2025, la France semble avoir échappé de peu à une contagion du réseau. Mais cette vulnérabilité est-elle complètement écartée ? Experts et autorités s’accordent à dire que si la France est mieux préparée, elle n’est pas totalement à l’abri.
Lundi 28 avril 2025, une grande partie de la péninsule ibérique s’est retrouvée dans le noir. À Madrid comme à Lisbonne, la vie s’est arrêtée brutalement, métros à l’arrêt, commerces plongés dans l’obscurité, gares bloquées. Des millions de foyers espagnols et portugais ont été affectés pendant plusieurs heures. En France, seules certaines communes du sud-ouest, proches de la frontière, ont brièvement été touchées. En cause, un problème technique sur le réseau espagnol interconnecté à celui de la France.
Cette panne massive a ravivé les craintes d’un black-out plus large, notamment en France, malgré les déconnexions automatiques mises en place pour isoler le problème. Pour beaucoup, l’épisode interroge, la France est-elle vraiment à l’abri d’une coupure généralisée ?
Des infrastructures robustes, mais un risque qui reste réel
Selon les responsables de RTE (Réseau de Transport d’Électricité), la France bénéficie d’un réseau électrique très sécurisé. Jean-Paul Roubin, directeur des opérations chez RTE, rappelle que les interconnexions avec les pays voisins jouent un rôle crucial dans la stabilité du réseau. En cas de surcharge ou de panne grave, des mécanismes automatiques permettent d’isoler rapidement la zone impactée, évitant une propagation en cascade.
La France dispose également de la Force d’Intervention Rapide Électricité (FIRE), composée de 2 500 techniciens prêts à intervenir en urgence. À cela s’ajoutent des générateurs de secours dans les hôpitaux, centrales, et autres sites stratégiques. Autant de dispositifs qui offrent des garanties, mais qui ne suppriment pas complètement le danger.
Un réseau mieux soutenu que celui de la péninsule ibérique
La France bénéficie d’un avantage géographique et stratégique important, elle est interconnectée à plusieurs pays, contre seulement deux pour l’Espagne et le Portugal. Cette configuration permet de mobiliser rapidement des renforts énergétiques en cas de besoin. Ainsi, lors de la panne ibérique, la France a pu injecter 1 500 mégawatts d’électricité pour soutenir ses voisins.
Comme l’explique Alicia Bassière, chercheuse au sein du projet PowDev sur la résilience énergétique, la France dispose de plusieurs mécanismes de réserve qui permettent de compenser les pertes et de stabiliser la fréquence du réseau. La forte part du nucléaire dans le mix énergétique français constitue également un rempart contre les interruptions brutales, en permettant une régulation plus fine de la production.

Une dernière panne d’électricité d’ampleur en France remonte à 1978
L’un des éléments rassurants reste la stabilité historique du réseau français. La dernière panne d’ampleur nationale remonte à décembre 1978, lorsqu’un incident sur une ligne haute tension dans l’Est du pays avait plongé plusieurs régions dans l’obscurité. Depuis, le réseau a connu d’importantes évolutions technologiques, avec des investissements dans les protections automatiques, la détection préventive et l’intelligence énergétique.
Malgré cela, le risque zéro n’existe pas. Alicia Bassière le souligne : tant que les causes précises de la panne espagnole ne sont pas connues, il est difficile d’exclure un scénario similaire en France, surtout en cas d’attaque cybernétique ou d’événement climatique extrême.
Que faire en cas de coupure électrique généralisée ?
Bien que rare, une panne d’électricité de grande ampleur nécessite une préparation minimale. Les autorités recommandent de conserver un kit d’urgence : lampe de poche, radio à piles, eau, nourriture non périssable, médicaments essentiels et un peu d’argent liquide. En cas de coupure, il est essentiel de ne pas paniquer, de ne pas saturer les lignes d’urgence, et de suivre les consignes des autorités locales.
Dans les pires scénarios envisagés par RTE, les coupures ne dépasseraient pas douze heures, le temps d’une reprise progressive du réseau grâce aux plans de rétablissement prévus à l’échelle européenne. Il est important de noter que la France dispose d’accords avec de grandes industries pour qu’elles réduisent leur consommation en cas de surcharge, un mécanisme déjà éprouvé.
La résilience française face au risque énergétique
Face aux incertitudes climatiques, aux cybermenaces et à la complexité croissante des réseaux interconnectés, la France s’est dotée de garde-fous solides. Les investissements réalisés dans la modernisation du réseau, la diversification de l’approvisionnement et la coopération européenne ont porté leurs fruits. Mais cet équilibre reste fragile. La crise ibérique de 2025 rappelle à quel point une surveillance constante et une réactivité immédiate sont essentielles.
L’énergie étant au cœur des infrastructures vitales, l’anticipation reste la meilleure arme contre les pannes à grande échelle. Et si la France semble mieux protégée que d’autres pays européens, la vigilance reste de mise.
L’épisode de la panne d’électricité survenue en Espagne et au Portugal en avril 2025 a mis en lumière les interdépendances du réseau électrique européen et les vulnérabilités potentielles qu’elles peuvent engendrer. Si la France a été épargnée grâce à un système de sécurité automatisé et à ses capacités d’interconnexion avec plusieurs pays, cet événement rappelle que la stabilité énergétique repose sur un équilibre complexe et constamment surveillé.
Les autorités françaises disposent aujourd’hui de dispositifs techniques et humains avancés pour prévenir les interruptions à grande échelle, une force d’intervention dédiée, des stocks d’électricité mobilisables rapidement, et un parc nucléaire central dans la régulation du réseau. Ces éléments permettent de renforcer la résilience du système face à des incidents imprévus.
Toutefois, le contexte international, les tensions géopolitiques, les aléas climatiques ou encore les risques cybernétiques sont autant de facteurs pouvant provoquer des perturbations imprévues. La surveillance permanente, les collaborations transfrontalières et l’évolution continue des infrastructures sont donc essentielles pour maintenir la continuité du service.
L’événement récent souligne ainsi l’importance d’une approche proactive et coordonnée entre pays, mais aussi la nécessité de garder des solutions d’appoint prêtes à être activées en cas d’imprévu. La France reste bien équipée, mais doit, comme l’ensemble de l’Europe, poursuivre ses efforts pour anticiper les scénarios de crise et limiter les conséquences en cas de défaillance du réseau.