Les Algériens désireux d’obtenir un Visa France en Algérie se heurtent à des délais inédits. Chez Capago, prestataire chargé de la réception des demandes de visa, les créneaux sont saturés, avec des rendez-vous qui se comptent désormais en mois. Une situation qui alimente colère et frustration.
Obtenir un visa pour la France est devenu un véritable parcours du combattant en Algérie. Depuis plusieurs mois, les délais explosent dans les centres de dépôt, provoquant une forte pression sur les demandeurs. Entre attente prolongée, incertitude et marché parallèle qui en profite, la situation suscite de vives inquiétudes chez les étudiants, travailleurs et familles désireux de franchir la Méditerranée.
L’entrée sur le marché algérien ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour Capago, le nouveau prestataire chargé du traitement des demandes de visa pour la France. Alors que les rendez-vous se font rares, de nombreux usagers dénoncent des délais de traitement qui dépassent largement les prévisions officielles. Une situation qui provoque frustration, désorganisation et parfois même des renoncements au voyage.
Visa France en Algérie, des délais qui doublent
En principe, le traitement d’une demande de visa pour la France prend quatre semaines en moyenne, cinq dans certains cas spécifiques. Mais dans la pratique, la réalité semble tout autre. « J’ai déposé le 4 juin et je n’ai eu mon passeport que le 14 août, soit plus d’un mois de plus que prévu. Durant toute cette période supplémentaire, je n’avais aucune information sur l’état d’avancement de mon dossier », raconte un demandeur.
Ce témoignage est loin d’être isolé. Plusieurs candidats affirment avoir patienté deux mois ou plus pour obtenir une réponse, certains ayant dû récupérer leur passeport en urgence sans même attendre la décision finale.
Conséquences : voyages annulés et plans chamboulés
La lenteur du processus n’a pas seulement semé l’inquiétude, elle a aussi provoqué des pertes concrètes. Vacances annulées, billets non remboursés, obligations professionnelles compromises…Des familles, lassées d’attendre, ont préféré changer de destination, la Tunisie, accessible sans visa, ou encore la Turquie, où la procédure est réputée plus rapide.
Deux joueurs de football professionnels, évoluant dans un club du championnat national, ont dû renoncer à un séjour en Europe. Attendus en stage de préparation avec leur équipe, ils ont finalement récupéré leurs passeports avant toute réponse officielle. Les frais de visa, eux, sont perdus sauf à entamer une coûteuse procédure judiciaire.
Capago ou consulats français : où est le blocage ?
Dans ce climat d’incertitude, les demandeurs s’interrogent. Les retards viennent-ils de Capago, chargé de collecter les dossiers et restituer les passeports, ou des services consulaires français basés en Algérie ?
Certains n’hésitent pas à faire le lien avec le climat politique tendu entre Paris et Alger, marqué par une réduction annoncée du nombre de visas. Mais la réalité semble plus complexe.
La réponse de Capago
Contacté par L’Algérie Aujourd’hui, un représentant du prestataire dément toute responsabilité directe dans les retards, « Il n’existe aucun stock de passeports non délivrés, hormis ceux en attente de récupération par leurs titulaires. Capago n’a aucun intérêt à conserver des documents prêts à être restitués », affirme notre source.
Il ajoute que, dans la majorité des cas, les passeports sont bel et bien disponibles, mais que les demandeurs doivent vérifier scrupuleusement leurs courriels, y compris les spams, puisque c’est par ce canal que l’avis de disponibilité est envoyé.

Un climat d’opacité
Malgré ces explications, beaucoup d’usagers se disent laissés dans l’ombre. Sans canaux clairs d’information, la moindre irrégularité se transforme en parcours du combattant. Les rumeurs prospèrent, entre supposés retards bureaucratiques et blocages politiques.
Pour les voyageurs, le constat est amer : le visa pour la France, déjà synonyme de démarches lourdes et coûteuses, est devenu une loterie où les délais explosent et la communication se fait rare.