C’est officiel, le Visa Schengen 100 % numérisé. Une réforme d’envergure vient d’être adoptée à Bruxelles, avec un objectif clair, simplifier, sécuriser et harmoniser les procédures de demande dans tout l’espace Schengen.
Un projet ambitieux, prévu pour être pleinement opérationnel d’ici la fin de la décennie. Mais concrètement, qu’est-ce que cela va changer pour les voyageurs, les entreprises, et les administrations.
Et même si la Suisse n’est pas membre de l’Union européenne, elle suivra ce virage numérique. La pierre angulaire de cette réforme, c’est la création d’une plateforme électronique unique à l’échelle européenne. Elle sera le point de passage obligatoire pour tous les ressortissants de pays tiers qui souhaitent obtenir un visa de court séjour pour l’espace Schengen.
Ce qu’il faut savoir sur le Visa Schengen 100 % numérisé
Derrière cette réforme, il y a une volonté claire, rendre les procédures plus efficaces, prévisibles, et moins fragmentées, les délais et les critères de traitement peuvent varier sensiblement d’un consulat à l’autre
Aujourd’hui, les procédures varient encore d’un pays à l’autre, entre formulaires PDF, sites nationaux, et centres privés de traitement comme VFS ou TLScontact. Demain, tout sera centralisé : dépôt des documents, saisie des données, prise de rendez-vous, paiement des frais.
Un seul site, un seul processus, quel que soit le pays de destination. En toile de fond, l’objectif est d’unifier l’expérience utilisateur, mais aussi d’automatiser certaines étapes et de faciliter les vérifications administratives.
L’un des changements les plus visibles concerne le visa lui-même. Fini la vignette physique collée dans le passeport. Le nouveau visa Schengen sera délivré au format numérique, sous la forme d’un code-barres 2D crypté.
Ce format permet une lecture rapide, une authentification directe à la frontière, et surtout, une sécurité renforcée. Il devient beaucoup plus difficile de falsifier un visa ou de l’utiliser à mauvais escient. Cette technologie est déjà utilisée dans d’autres domaines (billets d’avion, certificats COVID…), avec de bons résultats.
Concrètement, une fois la demande déposée sur la plateforme, un filtrage automatisé vérifiera les données de base, avant de rediriger le dossier vers l’État Schengen compétent, en général celui du séjour principal ou de la première entrée.
Cette étape, bien que numérique, n’élimine pas totalement l’intervention humaine. L’État concerné recevra le dossier et poursuivra l’instruction via ses services consulaires ou prestataires partenaires. La biométrie (empreintes, photo) restera obligatoire à la première demande, et donc une visite physique pourra être requise.
Avec la plateforme, les États partageront une interface commune. Les données seront transférées automatiquement vers les systèmes nationaux, et les autorités migratoires pourront coopérer plus facilement. Le traitement numérisé devrait aussi réduire les erreurs, limiter les risques de double demande et renforcer la lutte contre la fraude.
La Suisse suit le mouvement, mais à son rythme
La Suisse participe à l’espace Schengen depuis 2008. Elle est donc tenue d’adapter sa législation en fonction de l’évolution de l’acquis Schengen. C’est ce qu’elle vient de faire : le Conseil national a validé en juin 2025 une révision légale qui permettra d’intégrer le système suisse à la future plateforme européenne. L’adaptation prévoit notamment le transfert des données entre la plateforme et le Système national d’informations sur les visas (SNIV) suisse.
La Suisse se donne toutefois jusqu’en 2030 pour se raccorder, soit deux ans après la mise en service initiale prévue en janvier 2028. Ce délai vise à garantir une transition technique et administrative maîtrisée.