Une réforme radicale vient d’être validée par les autorités de l’Union européenne, à terme, la demande de visa Schengen se fera entièrement en ligne. Adieu rendez-vous en consulat, tampons dans le passeport et longues attentes.
Pour des millions de voyageurs du Maghreb et d’ailleurs, la perspective d’obtenir un visa pour voyager en Europe mordait souvent sur leur temps, leur budget et leur patience. Dès aujourd’hui, un changement de taille se prépare, l’Union européenne a décidé de passer au tout numérique pour les visas Schengen.
Ce bouleversement administratif marque non seulement une modernisation du système, mais aussi un signal politique, la mobilité internationale se digitalise, les files d’attente s’effacent, et les institutions se redéfinissent.
Les grandes lignes de la réforme
L’un des principaux piliers de cette réforme est la digitalisation complète du dossier, les demandes seront déposées en ligne via une plateforme unique, les justificatifs téléchargés, les frais acquittés sans déplacement, et le visa apposé sous forme de code-barres crypté, non plus d’un autocollant traditionnel.
Parallèlement, l’UE met en place deux systèmes de contrôle qui révolutionneront l’entrée/sortie des voyageurs :
Le système Entry/Exit System (EES), actif progressivement depuis le 12 octobre 2025, qui enregistrera les données biométriques des non-résidents (empreintes, visage) à la frontière
Le futur système European Travel Information and Authorisation System (ETIAS) prévu pour la fin 2026, pour les voyageurs dispensés de visa jusqu’à présent.
Le visa Schengen à l’ère de la biométrie et de la traçabilité
Cette nouvelle plateforme ne sera pas isolée, elle s’intégrera dans deux systèmes européens déjà en développement — l’ETIAS (Système européen d’information et d’autorisation de voyage) et l’EES (Système d’entrée/sortie).
L’ETIAS, comparable au système américain ESTA, concernera les ressortissants de plus de 60 pays dispensés de visa pour les courts séjours en Europe. Tous devront s’enregistrer avant leur voyage.
Quant au système EES, il permettra d’enregistrer automatiquement les empreintes digitales, la photo, et les dates d’entrée et de sortie de chaque visiteur. Il signalera aussi les dépassements de séjour et les refus d’accès, offrant à l’Union un suivi numérique inédit des flux migratoires.
Une simplification saluée par les États membres
Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, a salué « un progrès décisif pour les voyageurs et pour la sécurité européenne ». Selon lui, ce nouveau système « simplifie la procédure, réduit les délais de traitement et renforce le contrôle des flux migratoires grâce à la centralisation numérique des données ».
Selon la Commission européenne, la complexité des démarches, vérification des documents, délais d’attente interminables, manque de rendez-vous disponibles, constitue un frein majeur à l’immigration légale. Les mêmes obstacles touchent aussi bien les visas de court séjour que les permis de résidence longue durée.
«Il faut remettre à plat Schengen», estime Éric Revel, qui avertit que, sans une refonte de la politique migratoire européenne, l’immigration illégale ne fera qu’augmenter dans les années à venir.
«Il faut remettre à plat Schengen», estime Éric Revel, qui avertit que, sans une refonte de la politique migratoire européenne, l’immigration illégale ne fera qu’augmenter dans les années à venir, dans #100politiquepic.twitter.com/hNKL1ePr40
Cette mesure s’appliquera à l’ensemble des 23 pays de l’espace Schengen, ainsi qu’à quatre États associés, la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.
Une réforme en préparation depuis plusieurs années
L’Union européenne travaille depuis longtemps à la modernisation de son système de visas. Après des débats techniques et politiques prolongés au Parlement européen, la réforme a finalement été validée. Elle entrera en vigueur trois semaines après sa publication au Journal officiel de l’Union européenne.
Pour les autorités, la digitalisation permettra également de lutter plus efficacement contre la fraude, notamment celle liée à la falsification des autocollants de visa ou aux rendez-vous illégaux revendus à prix d’or sur le marché noir.
Quels changements pour les demandeurs maghrébins ?
Plus besoin de réserver un créneau en consulat ou de se déplacer plusieurs fois.
Le délai d’instruction pourrait se raccourcir grâce à l’harmonisation numérique.
Les risques d’erreur ou de fraude liés aux rendez-vous Visa Schengen payants pourraient diminuer. En 2024, plus de 11,7 millions de demandes de visa ont été enregistrées dans l’espace Schengen, soit une forte hausse par rapport aux années précédentes. L’objectif de la réforme, selon le European Commission, est de « moderniser, simplifier et sécuriser » la procédure pour les voyageurs comme pour les États membres.
Une mise en œuvre progressive : ce qu’il faut anticiper
Même si la réforme est adoptée, les étapes seront progressives :
Pendant la transition, les deux systèmes coexisteront, le visa autocollant et la version numérique. Donc, les anciens modes ne disparaîtront pas immédiatement.
À retenir pour préparer votre démarche
Vérifiez que tous les documents (passeport valide, photo conforme, justificatifs) sont prêts avant de déposer votre demande.
Ne vous fiez qu’au site officiel et ignorez les intermédiaires indélicats ; la réforme vise justement à limiter les rendez-vous visa Schengen payants abusifs.
Même en ligne, le contrôle biométrique et documentaire restera rigoureux dès l’entrée en vigueur complète du système.
Anticipez un éventuel allongement temporaire des délais de traitement lors du passage à la nouvelle plateforme.
Gardez à l’esprit que la réforme concerne d’abord les visas de court séjour. Le dispositif de long séjour ou résidence permanente reste hors cadre immédiat.
Une révolution administrative… et un défi technologique
Si cette réforme promet d’alléger considérablement les démarches, elle pose aussi de nouveaux défis. Les consulats européens devront accompagner les candidats au visa peu familiers avec le numérique, notamment dans les pays où l’accès à Internet reste limité.
Les autorités prévoient d’ouvrir des points d’assistance numérique pour aider les voyageurs à remplir leurs formulaires, scanner leurs documents et effectuer le paiement sécurisé.
Cette digitalisation marque la fin d’un long parcours bureaucratique, mais aussi le début d’une ère nouvelle, où la technologie devient la porte d’entrée principale vers l’Europe.
La transformation du visa Schengen vers un modèle entièrement digital marque une étape majeure pour la mobilité internationale. Elle promet de simplifier les démarches, d’accélérer les traitements et de renforcer la sécurité aux frontières. Pour les voyageurs algériens et maghrébins, c’est sans doute une bonne nouvelle, un accès plus fluide à l’Europe. Reste aujourd’hui à accompagner cette transition, la procédure numérique arrivera, les anciennes habitudes s’effaceront, mais dans un contexte où vigilance et préparation restent de mise.
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