Le Visa Schengen doré fait l’objet de nouvelles réformes destinées à séduire davantage d’investisseurs internationaux. Le Portugal, en particulier, ajuste son programme pour offrir des avantages fiscaux inédits, renforcer son attractivité économique et accélérer le traitement des demandes, dans un contexte européen marqué par une concurrence accrue sur les dispositifs de séjour par investissement.
Le Portugal, l’un des derniers bastions du Visa Schengen doré en Europe, se repositionne face à la montée des restrictions dans d’autres pays membres. Tandis que plusieurs États ont récemment durci ou supprimé leurs programmes de résidence contre investissement, Lisbonne prend le contrepied en renforçant l’attrait de son dispositif.
En 2024, le pays a connu un pic sans précédent d’approbations, enregistrant près de 5 000 demandes validées de plus qu’en 2023. Cette augmentation significative s’explique notamment par la simplicité des conditions portugaises, mais aussi par une dynamique politique orientée vers l’attractivité économique. Une évolution que beaucoup d’observateurs relient à l’intérêt grandissant de profils fortunés, notamment nord-américains.
Visa Schengen doré et attractivité fiscale au Portugal
Le cœur des modifications envisagées repose sur un levier fiscal. Le gouvernement portugais envisage de proposer un taux d’imposition fixe à 20 % sur les revenus locaux ainsi qu’une exonération fiscale de dix ans sur les revenus étrangers. Des mesures qui visent à se démarquer des pays ayant fermé leur programme ou réduit drastiquement leur champ d’application.
Ces avantages fiscaux s’inscrivent dans un programme plus large de résidence par investissement, où les étrangers peuvent obtenir un permis de séjour en échange d’un apport financier. Si l’investissement immobilier a été exclu en raison de la crise du logement, d’autres voies restent accessibles : création d’entreprise, transferts de capitaux, ou encore soutien à la recherche et à la culture.
En complément, les autorités ont confirmé que le programme de visa doré au Portugal n’était pas voué à disparaître, contrairement aux rumeurs circulant ces derniers mois. Antonio Leitao Amaro, ministre de la Présidence, a réaffirmé l’engagement du pays à maintenir ce mécanisme comme outil stratégique d’attraction d’investissements directs étrangers.

Forte demande et lente reprise du traitement des dossiers
Malgré cette attractivité, l’engorgement administratif constitue un défi majeur. L’Agence pour l’intégration, la migration et l’asile (AIMA) fait face à une liste d’attente de plus de 50 000 dossiers, incluant les familles des investisseurs. Certaines demandes remontent à plus de trois ans. Ce retard, bien que partiellement résorbé, reste un frein à l’efficacité du programme.
Le président de l’AIMA, Pedro Portugal Gaspar, a indiqué que le traitement des demandes avait repris, bien que le rythme reste modeste. Il a précisé que les flux administratifs sont en cours d’optimisation, avec un objectif clair : réduire les délais pour répondre à l’afflux croissant de candidats, souvent en provenance des États-Unis, de Chine ou du Brésil.
Cette relance progressive de l’instruction des demandes intervient dans un contexte européen où les programmes similaires disparaissent les uns après les autres, parfois sous la pression de Bruxelles. Pour Lisbonne, maintenir ce système devient un levier différenciant à l’échelle de l’espace Schengen.
Le Portugal renforce sa position dans l’espace Schengen
Alors que d’autres pays européens revoient leurs ambitions à la baisse, le Visa Schengen doré proposé par le Portugal devient un cas à part. En excluant l’immobilier tout en renforçant les autres options, le pays vise à attirer des profils diversifiés, à forte capacité d’investissement et intéressés par une résidence européenne stable.
Ce positionnement s’inscrit aussi dans une logique géopolitique plus large. Dans un monde post-pandémique marqué par des relocalisations d’actifs et une mobilité accrue des fortunes, le Portugal espère capter une part significative de ces flux en jouant sur la stabilité, l’accessibilité et un cadre fiscal avantageux.
À l’heure où la Commission européenne envisage une régulation plus stricte des dispositifs de résidence contre investissement, le Portugal choisit une autre voie. Un pari stratégique qui pourrait, à terme, redessiner les contours de l’immigration économique en Europe, tout en repositionnant le pays comme l’un des derniers refuges pour les candidats au Visa Schengen doré.