Le Visa Schengen va connaître une évolution majeure dès octobre 2025. Un nouveau système numérique baptisé EES (Entry/Exit System) imposera une vérification biométrique à tous les voyageurs en provenance de pays tiers. Cette réforme vise à renforcer le contrôle aux frontières européennes, mais risque aussi de rallonger les délais d’attente et de complexifier les démarches.
Obtenir un Visa Schengen ne suffira bientôt plus pour franchir les frontières de l’Union européenne. À partir d’octobre 2025, un nouveau dispositif de contrôle électronique des entrées et sorties (EES) sera activé dans l’ensemble des pays membres de l’espace Schengen. Concrètement, chaque voyageur devra enregistrer ses données biométriques à son arrivée, en plus de présenter un passeport ou un visa en règle. Pour les millions de ressortissants algériens, marocains, tunisiens ou encore subsahariens qui se rendent chaque année en Europe, cette nouvelle exigence marquera un tournant dans la gestion des flux migratoires.
Voyages entre pays tiers et Union européenne, ce qui va changer
Le système EES remplacera progressivement les cachets manuels apposés sur les passeports à l’entrée et à la sortie du territoire européen. À la place, les autorités frontalières collecteront électroniquement les données biométriques de chaque passager (empreintes digitales et reconnaissance faciale), accompagnées de la date et du lieu d’entrée. Le tout sera enregistré dans une base de données centralisée à l’échelle européenne.
Cette modernisation a un double objectif : renforcer la sécurité intérieure de l’Union européenne et automatiser la gestion des flux migratoires. Mais elle risque aussi d’allonger les délais aux frontières, en particulier dans les aéroports internationaux comme Paris, Francfort ou Madrid, qui voient transiter quotidiennement des dizaines de milliers de passagers.
Des délais d’attente à prévoir aux postes frontières
L’un des effets immédiats redoutés de la mise en place de l’EES est l’augmentation des temps d’attente pour les voyageurs. Les autorités européennes elles-mêmes anticipent un allongement sensible des délais aux postes de contrôle, surtout durant les premiers mois de déploiement du dispositif. En période de forte affluence, les délais pourraient dépasser une heure dans les grands aéroports ou ports.
À titre d’exemple, des simulations ont été menées à Roissy-Charles-de-Gaulle, montrant que le traitement d’un passager sous EES prendrait jusqu’à 30 % de temps supplémentaire par rapport au contrôle actuel. Ce temps s’accumule vite lorsque des centaines de passagers débarquent simultanément.
Les postes frontières terrestres, notamment entre l’Espagne et le Maroc, ou entre la Grèce et la Turquie, sont également concernés, avec des risques accrus de congestion.

L’ETIAS en 2026, une seconde étape dans le contrôle
En parallèle du système EES, l’Union européenne prévoit d’introduire en 2026 une autre condition d’entrée pour les voyageurs hors UE, l’ETIAS (European Travel Information and Authorization System). Cette autorisation électronique sera obligatoire pour les citoyens de pays exemptés de visa Schengen, comme l’Algérie.
L’ETIAS coûtera environ 7 euros et devra être demandée en ligne avant le départ, pour une durée de validité de trois ans. Son approbation nécessitera la fourniture de données personnelles, d’antécédents de voyage, ainsi que des informations de sécurité.
L’objectif est de permettre aux autorités européennes de filtrer les voyageurs avant leur arrivée sur le territoire. Cette mesure vise principalement à détecter les menaces potentielles (terrorisme, fraude, séjour irrégulier), mais elle pourrait aussi complexifier davantage les démarches de certains profils de voyageurs.
Qui est concerné par ces nouvelles conditions ?
L’ensemble des ressortissants de pays tiers, qu’ils voyagent avec un visa ou dans le cadre d’une exemption (séjour touristique de moins de 90 jours), devront se conformer au système EES dès octobre 2025. Cela inclut les Algériens, Tunisiens, Marocains, mais aussi les ressortissants des États-Unis, du Royaume-Uni ou du Canada.
Les enfants et les personnes âgées seront également soumis à l’enregistrement biométrique, sauf exceptions encore en discussion. Les titulaires de titres de séjour européens ne sont pas concernés par l’EES, mais devront respecter les procédures habituelles liées à leur statut.
Anticiper pour éviter les mauvaises surprises
Face à ces nouvelles obligations, les experts en mobilité recommandent vivement aux voyageurs de s’informer à l’avance et de préparer leurs documents en conséquence. Cela implique de conserver son passeport en bon état, d’arriver plus tôt à l’aéroport, et de vérifier les exigences d’enregistrement avant tout déplacement vers l’Europe.
Les agences de voyages, tout comme les compagnies aériennes, auront également un rôle clé à jouer en relayant les consignes aux voyageurs. En cas de refus de l’ETIAS, l’embarquement pourrait être refusé dès le départ.
La mise en place combinée de l’EES et de l’ETIAS marque une étape majeure dans la refonte de la politique migratoire européenne. Elle vise à renforcer les mécanismes de contrôle, mais soulève aussi des interrogations sur les libertés de circulation, les risques de saturation et la discrimination éventuelle de certains voyageurs.
Pour les millions d’Algériens vivant en Europe ou voyageant régulièrement vers le continent, ces changements imposent une vigilance accrue et une adaptation rapide. Il ne s’agira plus seulement de posséder un visa en règle, mais aussi de passer par une série de filtres numériques, conçus pour trier et surveiller les déplacements en amont.