Promis, fait. Le joueur algérien Yacine Brahimi inaugure un stade dans un village de Kabylie, un stade flambant neuf a Aït Bouada, berceau de naissance de la mère du joueur haut dans les collines d’Azazga. Un geste fort de solidarité envers la terre de ses racines.
Ce n’était qu’une promesse, glissée presque discrètement lors d’un passage en Kabylie en 2023. Un mot lancé à chaud, un rêve confié aux habitants de ce village accroché aux collines d’Azazga. Mais ce mardi, Yacine Brahimi est revenu. Pas comme une star, ni même comme un invité. Il est revenu comme un fils, avec dans les mains bien plus que des souvenirs, un stade flambant neuf, construit à ses frais, pour les jeunes d’Aït Bouada, le village de sa mère.
Ici, à une quarantaine de kilomètres de Tizi-Ouzou, la vie s’écoule lentement, entre les montagnes et les saisons. Le ballon rond y est roi, et chaque été, les tournois inter-villages rassemblent les foules. Mais jusque-là, il manquait un vrai terrain. Ce manque est désormais comblé et pas par n’importe qui.
Yacine Brahimi inaugure un stade dans un village de Kabylie
À Aït Bouada, ce mardi 5 août 2025, la joie était dans tous les regards. Dans ce petit village perché de Kabylie, les habitants ont accueilli leur héros du jour, Yacine Brahimi. L’international algérien a inauguré un stade flambant neuf, un projet qu’il avait annoncé en 2023 et qu’il a entièrement financé de sa poche. Située à une quarantaine de kilomètres de Tizi-Ouzou, la commune d’Azazga s’est réveillée aux couleurs du football, au rythme des youyous et des applaudissements.
Le terrain, revêtu de gazon synthétique, entouré de tribunes modestes mais modernes, porte désormais le nom du joueur. Plus qu’un stade, c’est un nouveau souffle pour la jeunesse locale. Un espace sécurisé et accessible, pensé pour les matchs officiels de wilaya, mais aussi pour les tournois inter-villages très prisés chaque été. Un outil de cohésion sociale autant qu’un encouragement à la pratique sportive.
Un engagement durable, au-delà du football
Ce n’est pas la première fois que Yacine Brahimi s’investit pour la région d’Aït Bouada, le village de sa mère Zohra Younsi. Dès 2021, il avait offert une ambulance équipée à la polyclinique locale. Pendant la pandémie de Covid-19, il avait également financé l’achat de matériel médical pour soutenir les soignants.
À 35 ans, le joueur actuellement sous contrat avec le club qatari Al Gharafa SC, ne semble pas vouloir se contenter d’un simple geste symbolique. Devant les jeunes qui l’interpellaient pour une photo ou un mot, Brahimi a insisté, « Ce projet n’est qu’un début. J’ai encore d’autres idées pour aider ce village que je porte dans le cœur ».
Le retour d’un enfant du pays
Né à Paris en 1990 d’un père originaire d’El Ménéa (Ghardaïa) et d’une mère kabyle, Yacine Brahimi n’a jamais rompu le lien avec ses origines algériennes. S’il a été formé en France, au Stade Rennais, c’est avec l’équipe nationale d’Algérie qu’il a écrit ses plus belles pages. En 2014, il marque un but retentissant au Mondial au Brésil, devenant l’un des symboles d’une génération brillante. En 2019, il est sacré champion d’Afrique avec les Verts, sous les ordres de Djamel Belmadi. En 2021, il brille à nouveau en finale de la Coupe Arabe, avec un but mémorable.
Ce parcours, il ne l’oublie pas. Mieux encore, il le met aujourd’hui au service de sa communauté. Le stade d’Aït Bouada n’est pas qu’une infrastructure de plus. C’est un projet porté par un homme, une conviction, une mémoire familiale. En l’inaugurant lui-même, aux côtés des habitants, Brahimi en a fait un moment rare, authentique, loin des projecteurs habituels
Une figure inspirante pour la jeunesse
Dans une vidéo partagée par Radio Tizi-Ouzou, on voit le joueur sourire, discuter, tendre la main aux plus jeunes venus parfois de villages voisins pour le rencontrer. Les enfants l’acclament, brandissent des maillots, prennent des selfies, demandent des autographes. Pour eux, ce stade est un cadeau, mais aussi une leçon, celle de ne jamais oublier d’où l’on vient.
Yacine Brahimi ne s’est pas exprimé longuement. Quelques mots simples, mais qui résonnent fort dans une région trop souvent privée d’investissement durable. Le stade est là, concret, utilisable. Le projet est bouclé. La promesse a été tenue. Et dans les tribunes encore fraîches, on entend déjà les premières discussions, « On organisera un tournoi dès la semaine prochaine… »
Un geste qui pourrait inspirer d’autres
Ce type d’initiative, financée directement par une figure publique, reste encore rare en Algérie. À Aït Bouada, beaucoup espèrent que d’autres suivront l’exemple de Yacine Brahimi, qu’ils considèrent désormais comme un bienfaiteur, un exemple de réussite et de générosité. L’histoire retiendra peut-être ce stade comme le point de départ d’un nouveau rapport entre diaspora et villages d’origine.