Abdelkader L., un sans-papiers algérien remis en liberté par erreur visé par une OQTF, a été remis en liberté par erreur le 19 juillet 2025 à Marseille. Confusion d’identité, manquement administratif et conséquence politique, l’affaire relance les interrogations sur la rigueur des procédures d’expulsion en France.
Un sans-papiers algérien, pourtant sous le coup d’une OQTF, a été remis en liberté par erreur à Marseille. Confondu avec un autre retenu tunisien, il a quitté le centre de rétention du Canet alors qu’il devait y rester jusqu’au 4 août. Cette bévue met en lumière les failles d’un dispositif déjà sous pression, où l’exécution des expulsions reste un défi quotidien. Dans un climat diplomatique tendu avec Alger, cette affaire relance les interrogations sur l’efficacité et la crédibilité des procédures de reconduite à la frontière en France.
Une confusion d’identité dans un centre sous tension
L’affaire s’est déroulée au centre de rétention administratif (CRA) du Canet à Marseille, samedi 19 juillet. Abdelkader L., un ressortissant algérien en situation irrégulière, devait y être retenu jusqu’au 4 août, dans l’attente de son expulsion vers l’Algérie. Il faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et d’une interdiction de retour de deux ans, notamment en raison de son implication dans un trafic de stupéfiants et de son profil jugé « TOP » (trouble à l’ordre public). Pourtant, une erreur d’identification lui a permis de quitter librement l’établissement. Le personnel aurait confondu Abdelkader avec un autre détenu, Aziz L., de nationalité tunisienne, qui devait lui être relâché.
Cette erreur humaine grave suscite la colère de plusieurs syndicats policiers et ravive la critique des dispositifs de contrôle en CRA. Selon des sources proches du dossier, l’identification des personnes en centre reste parfois « approximative », notamment lorsque plusieurs individus possèdent des noms similaires ou qu’ils refusent de coopérer.
Le sans-papiers algérien désormais introuvable et activement recherché
Depuis sa remise en liberté involontaire, Abdelkader L. a disparu. Malgré les recherches en cours par les forces de l’ordre, aucune trace de lui n’a encore été retrouvée. Son profil, connu des services judiciaires et déjà incarcéré aux Baumettes pour trafic de drogue, fait de lui une cible prioritaire. Cette affaire illustre les dysfonctionnements potentiels dans la chaîne de gestion des OQTF, pourtant considérée comme un pilier des politiques migratoires actuelles.
Selon les chiffres officiels, 140 000 OQTF ont été prononcées en 2024, mais seulement environ 20 000 ont été exécutées, soit un taux de réalisation inférieur à 15 %. Une réalité que le ministère de l’Intérieur peine à améliorer, malgré la volonté politique affichée de « reprendre le contrôle des frontières intérieures ».
L’Algérie et la France : des expulsions toujours compliquées
Le cas d’Abdelkader L. ne fait que refléter une problématique plus large : les relations compliquées entre la France et l’Algérie sur les expulsions. Le refus récurrent d’Alger d’accepter le retour de ses ressortissants sous OQTF est dénoncé par les autorités françaises. Ce refus se manifeste parfois même lorsque les individus possèdent un passeport valide.
Des exemples récents, comme celui du 17 juillet dernier où un Algérien radicalisé a été refoulé à son arrivée à Alger malgré une expulsion depuis la France, montrent que la coopération consulaire reste fragile. Les autorités algériennes évoquent le « manque de laissez-passer consulaires », condition indispensable au retour.
Ce cas interpelle l’opinion publique, les syndicats de police, mais aussi les responsables politiques. Car il met en lumière à la fois les failles du dispositif administratif, les carences dans le contrôle d’identité, et l’inefficacité des expulsions dans un contexte diplomatique complexe.
L’erreur de libération d’Abdelkader L. pourrait faire l’objet d’une enquête administrative, voire de poursuites internes, selon les résultats de l’inspection en cours. En attendant, il est désormais recherché activement comme fugitif, et son cas s’ajoute à la longue liste des expulsions non exécutées qui embarrassent le gouvernement.
Au-delà d’un simple fait divers, cette affaire illustre les limites actuelles du dispositif de contrôle migratoire, en particulier dans le cadre des expulsions de ressortissants étrangers en situation irrégulière. Elle souligne aussi combien la coopération entre la France et l’Algérie reste à consolider, tant sur le plan juridique que diplomatique.
En attendant, le cas Abdelkader L. devient un symbole de plus des difficultés françaises à gérer ses politiques d’éloignement, notamment dans un contexte de tensions géopolitiques et de pression médiatique constante.