Quand on parle de passeports algériens bloqués en France, on fait souvent référence à deux volets bien distincts. D’un côté, il y a les titulaires de passeports diplomatiques dont la circulation est désormais restreinte ; de l’autre, les ressortissants algériens en situation irrégulière ou expatriés.
Signé le 27 décembre 1968, l’accord franco-algérien régissant la circulation, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens en France établit un cadre migratoire spécifique, distinct du droit commun. Il a été conclu dans un contexte post-colonial, six ans après l’indépendance de l’Algérie, et visait à maintenir des liens humains et économiques étroits entre les deux pays.
Cet accord confère aux Algériens un statut privilégié par rapport aux ressortissants d’autres pays non-européens. Il prévoit, par exemple, des procédures simplifiées pour le regroupement familial, des conditions de séjour assouplies et un accès facilité au marché du travail. L’un de ses points majeurs est qu’un Algérien présent en France depuis dix ans, de manière régulière, peut obtenir automatiquement une carte de résident de 10 ans, sans condition d’emploi stable ou de ressources.
Les passeports algériens bloqués à des ressortissants algériens
Début 2025, la France traverse une période diplomatique tendue avec l’Algérie qui a notamment refusé de reprendre une soixantaine de ressortissants expulsés, ce qui a déclenché une « riposte graduée » de Paris. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé la suspension de l’accord de 2007, qui permettait auparavant aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de venir en France sans visa.
Quelques semaines plus tard, cette mesure devient concrète : désormais, tout ressortissant algérien muni d’un passeport diplomatique ou de service sans visa sera refoulé dès l’arrivée à la frontière française
Une application stricte de l’obligation de visa à l’entrée a donc été imposée par la DGPN (Direction générale de la police nationale)
Retailleau va encore plus loin. Il annonce ne plus reconnaître les passeports algériens délivrés en France par certains consulats – notamment celui de Toulouse – à des ressortissants en situation irrégulière, souvent ex-expulsables ou en attente de régularisation
Cela implique que ces documents ne seront pas acceptés pour l’ouverture ou le renouvellement de titres de séjour ; en clair, ces passeports sont désormais jugés invalides par l’État français dans certains cas.
Une remise en cause plus large des accords de 1968 et 1994, jugés obsolètes par une partie de la politique française, qui leur reproche un manque de réciprocité et une inégalité de traitement : les Algériens en France conserveraient des privilèges que la France ne retrouve pas en retour.