En 2026, les perspectives des augmentations de salaire en France s’annoncent modestes, portées par une croissance économique réaliste. Mais loin d’une uniformité, certains profils, stratégiques et rares, continuent de profiter d’une dynamique nettement supérieure à la moyenne. À condition de bien se positionner.
Après le boom des revalorisations (+3,9 % en 2022, +4,5 % en 2023), le marché du travail français entre dans une ère de prudence. Selon PageGroup, les augmentations salariales moyennes devraient se limiter à 1,5–2 % en 2026, contre une inflation maîtrisée à 1,7 % (INSEE), un signe que les entreprises privilégient la stabilité et la régulation budgétaire.
Contexte économique et contraintes du marché
Cette modération des salaires s’inscrit dans un contexte plus global. La Banque de France table sur une progression annuelle des salaires compris entre 2 et 2,3 % pour 2025–2027, bien terrassée par l’inflation au cours des dernières années. La rationalisation des dépenses, la transparence imposée prochainement sur les écarts de salaires (directive européenne à transposer en juin 2026), et une conjoncture politique moins favorable, expliquent une stratégie salariale resserrée, visant à maintenir la cohésion sociale.
Augmentations de salaire en France, Les métiers qui échappent à la moyenne
C’est dans ce paysage tempéré que certains métiers continuent à se distinguer. L’ingénieur en électronique embarquée, par exemple, peut espérer des augmentations comprises entre 7 et 12 %, résultat direct d’une concurrence aiguë entre entreprises, à la recherche de compétences rares. De même, les techniciens support informatique, les professionnels de la cybersécurité et les infirmiers de bloc opératoire bénéficient encore de salaires revus à la hausse, autour de 7 à 8 %, dépassant largement la moyenne nationale. La prime de risque inhérente à certains secteurs, transport, industrie, santé se traduit donc par une attractivité économique réelle.
Cette différenciation salariale illustre un principe simple, là où l’offre de travail qualifié se fait rare, le marché reconstruit sa valeur à la hausse, même dans un climat globalement frileux.
Métiers en tension : les grandes gagnants de 2026
Certains secteurs offrent une dynamique salariale inattendue :
- Industrie / Aéronautique / Énergie :
- Techniciens maintenance & SAV : +5–6 %
- Ingénieurs électronique embarquée : +7 à 12 %
- Technologie & Cyber :
- Techniciens support IT : +8 %
- Ingénieurs cybersécurité (début de carrière) : +7 %
- Autres métiers tech (IA, cloud) : hausses potentielles à deux chiffres
- Santé :
- Infirmiers en bloc opératoire : +8 %
- Finance & Comptabilité :
- Contrôleurs de gestion expérimentés : jusqu’à +10 %
- Gestionnaire paie : +6 %
- RSE / Développement durable :
- Coordinateur RSE expérimenté : +7 %
Cybersécurité et tech : un terreau de salaires dynamiques
Dans certains sous-secteurs de l’informatique, comme la cybersécurité, les chiffres sont encore plus marquants. Un ingénieur débutant peut atteindre un salaire annuel brut de plus de 91 000 €, soit une progression salariale de plus de 12 et 13 % selon les profils. Les domaines émergents, IA, cloud, data, jouent également à plein cette carte de rareté stratégique, valorisée dans les entreprises en transformation digitale.

Une approche plus pragmatique pour la finance et la RSE
Même dans les secteurs traditionnellement moins exposés, la guerre des talents impose une réévaluation. Ainsi, un contrôleur de gestion confirmé peut voir sa rémunération augmenter de 10 %, tandis que les managers RSE obtiennent des revalorisations de l’ordre de 7 %, avec les compétences vertes désormais indispensables dans de nombreuses entreprises. Ces profils, perçus comme garants d’une transformation durable, trouvent encore une place privilégiée sur l’échiquier salarial.
Prenons le cas d’un jeune contrôleur de gestion. En 2025, son salaire a été ajusté de +8,1 % pour atteindre un peu plus de 43 500 € bruts annuels. Cette augmentation dépasse largement la moyenne, car elle reflète non seulement les attentes de son entreprise, mais aussi sa valeur ajoutée en matière d’analyse stratégique et technicité financière. Ce type d’évolution illustrée démontre qu’une expertise solide, même dans une fonction classique, peut créer une marge salariale tangible.
Tableau comparatif des revalorisations 2025 – 2026
Année | Augmentation moyenne prévue |
---|---|
2024 | +3,8 % |
2025 | +3,1 % (WTW) |
2026 | +1,5 à 2 % (attente PageGroup) |
Perspective qualité/employabilité
Le contexte sanitaire et économique a rebattu les cartes : les contraintes budgétaires et la pression réglementaire encouragent les entreprises à investir sur des profils hybrides, rares, ou complexes à recruter. Le résultat ? La distinction entre les métiers devient de plus en plus visible, avec des profils d’avenir capables de capturer une part toujours plus notable des budgets salariaux limités.
Si 2026 ne signe pas le grand retour des augmentations généralisées, il est clair que certains profils peuvent, encore et toujours, faire bouger les lignes. Là où le savoir-faire se fait rare, le pouvoir de négociation demeure, intelligemment utilisé, votre compétence peut rester une carte maîtresse malgré la modération salariale. Une leçon salutaire pour qui veut se positionner durablement sur le marché du travail.