Plusieurs employés d’Air Algérie condamnés à des peines de prison ferme dans une affaire de fraudes liées à l’organisation de voyages fictifs. La justice algérienne a rendu son verdict après une enquête mettant en lumière des pratiques de surfacturation, de falsification de documents et de mauvaise gestion des fonds sociaux de l’entreprise.
L’affaire remonte à plusieurs mois, mais le verdict vient seulement d’être rendu public. Au cœur de ce dossier, une série de malversations impliquant directement des responsables internes d’Air Algérie. Ce n’est pas une simple faute administrative. Les faits révélés par l’enquête sont lourds, complexes et touchent au cœur même de la gestion des ressources d’une entreprise publique stratégique.
Il ne s’agit pas seulement d’irrégularités isolées. Le dossier a révélé l’existence d’un réseau structuré autour de l’organisation de voyages de loisirs supposément destinés aux employés de la compagnie nationale. Des séjours en Tunisie, en Turquie ou encore à Dubaï, financés via des mécanismes frauduleux incluant falsification de factures et surfacturation de prestations. La justice a estimé que ces pratiques relevaient d’un abus manifeste de fonction et d’une gestion dévoyée des fonds sociaux.
Employés d’Air Algérie condamnés pour des pratiques frauduleuses
Le Conseil judiciaire d’Alger a tranché en faveur de sanctions fermes. Sur les onze personnes poursuivies, neuf sont directement rattachées à Air Algérie. Parmi elles figurent des figures clés de la structure sociale de l’entreprise : le secrétaire général du syndicat, le président du comité de participation et le président du comité des œuvres sociales. Tous trois ont écopé de deux ans de prison ferme, une peine revue à la baisse en appel, après avoir initialement été condamnés à trois ans.
L’enquête a révélé que ces responsables, en collaboration avec un gérant d’agence de voyages identifié par les initiales M.K., ont mis en place un système de surfacturation concernant les frais de séjour et de transport. Des factures gonflées, des documents commerciaux falsifiés et des avantages indus auraient été au cœur de ce dispositif. La justice a donc appliqué les dispositions du Code pénal algérien ainsi que celles de la loi 01/06 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption.

Affaire Air Algérie et gestion controversée des œuvres sociales
Ce n’est pas la première fois que la gestion des œuvres sociales dans une entreprise publique fait l’objet de controverses, mais la médiatisation de cette affaire donne une résonance particulière. Les accusations portaient sur l’octroi irrégulier de marchés, l’abus de pouvoir, l’acceptation d’avantages non justifiés, et surtout, la négligence ayant entraîné des pertes financières pour la compagnie.
Les voyages pointés du doigt ne relevaient pas seulement d’un manque de transparence. Ils ont été organisés de manière à détourner des fonds censés bénéficier à l’ensemble des employés. Ces pratiques ont directement porté atteinte à la réputation d’Air Algérie, mais aussi à la confiance du personnel dans les structures internes de représentation et d’aide sociale.
Parmi les prévenus, certains ont bénéficié d’un acquittement. C’est le cas du commissaire aux comptes externe, B. M., pour lequel la justice a estimé que les éléments à charge n’étaient pas suffisants pour justifier une condamnation. Une décision qui reflète la complexité du dossier et la diversité des niveaux d’implication.
Réactions judiciaires face aux irrégularités internes
Durant les audiences, le procureur général avait pourtant demandé un durcissement des peines. Il souhaitait que les principaux accusés soient condamnés à trois années de prison ferme en raison de la gravité des faits. Il avait également requis l’annulation de certaines décisions d’acquittement prises en première instance par le tribunal de Sidi M’hamed. Mais le Conseil judiciaire a opté pour une ligne médiane : des peines fermes, mais allégées.
Au-delà de l’aspect pénal, cette affaire remet en question les procédures de contrôle internes dans les grandes entreprises publiques algériennes. Elle soulève aussi des interrogations sur les mécanismes d’attribution des œuvres sociales, souvent gérés par des comités internes avec peu de surveillance extérieure. Des éléments qui pourraient nourrir d’autres enquêtes ou inciter à une réforme du système.
Une source judiciaire a souligné que ce type de dossier illustre les limites actuelles dans la gestion des fonds publics au sein des établissements publics à caractère commercial. Tandis que les condamnations sont désormais effectives, l’impact de cette affaire sur la gouvernance d’Air Algérie reste à surveiller. La compagnie, déjà confrontée à d’autres défis opérationnels, doit maintenant gérer les retombées internes de cette crise.