Algérie Ferries (ENTMV) traverse une nouvelle zone de turbulence? en plein été 2025, une traversée Béjaïa-Marseille aurait quitté le port avec seulement cinq passagers. Entre logiciel de réservation défaillant, vente tardive des billets et risques de saisie par des créanciers étrangers, un député tire la sonnette d’alarme et avance des solutions d’urgence? paiement des billets en euros, réouverture aux véhicules et promotions pour remplir les navires.
L’été 2025 semblait marquer une embellie pour Algérie Ferries. Après des années de perturbations, d’annulations et de critiques à répétition, la saison estivale s’annonçait plus régulière, avec des traversées assurées et un programme relativement respecté. Pourtant, derrière cette apparente stabilité, les difficultés de la compagnie nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) refont surface.
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C’est ce qu’a révélé le député Mohamed Hani, membre de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée populaire nationale (APN). Dans une intervention ce 15 août, il a dressé un constat sévère sur la gestion interne et la planification des traversées, citant des cas frappants qui illustrent le malaise persistant au sein de la compagnie.
Algérie Ferries, une traversée Béjaïa-Marseille presque vide
Parmi les exemples dénoncés, l’un a particulièrement retenu l’attention le navire assurant la liaison Béjaïa-Marseille le lundi 4 août n’a embarqué que… cinq voyageurs. À bord, l’équipage comptait 160 personnes, ce qui donne une image saisissante du déséquilibre entre moyens déployés et recettes générées.
Pour le parlementaire, cette situation découle directement d’un problème de planification. Les billets pour la saison estivale 2025 n’ont été ouverts à la vente qu’à partir du 20 mars pour les départs depuis la France, un retard qui a laissé le champ libre aux compagnies concurrentes. Résultat : nombre de traversées n’ont pas atteint un taux de remplissage satisfaisant, et certaines se sont effectuées à perte.
Des critiques qui s’accumulent
Dans son analyse, Mohamed Hani évoque également un « logiciel de réservation défaillant » qui complique l’accès aux billets et génère des dysfonctionnements. De plus, il alerte sur une menace plus grave, certains créanciers étrangers d’Algérie Ferries envisageraient des mesures de saisie conservatoire sur ses navires. Une telle éventualité pourrait paralyser une partie des opérations et porter un coup dur à la réputation déjà fragile de l’ENTMV.
Ces critiques rappellent que, malgré une saison relativement calme par rapport aux années précédentes, la compagnie peine toujours à instaurer une gestion efficace et prévisible de son activité.
Les solutions avancées par un député
Face à ces constats, Mohamed Hani avance plusieurs pistes pour redresser la situation à court terme. La première concerne la réouverture de la vente de billets pour le transport de véhicules neufs et d’occasion dans tous les ports du pays. Actuellement, et jusqu’au 15 septembre, l’embarquement de voitures vers Alger et Oran est interdit, ce qui prive Algérie Ferries d’une source de revenus non négligeable.
Le député suggère également que les billets destinés à l’importation de véhicules soient réglés en euros. Cette mesure permettrait, selon lui, d’alimenter les recettes en devises de la compagnie, indispensables pour payer ses fournisseurs étrangers. À l’inverse, les compagnies concurrentes, notamment européennes, n’hésitent pas à convertir le dinar en devises pour sécuriser leurs paiements.
Enfin, il propose le lancement d’offres promotionnelles afin d’attirer davantage de passagers et d’optimiser les traversées. Parmi ses idées, figure l’organisation de liaisons en escale, par exemple Marseille-Palma-Algérie, susceptibles de séduire une clientèle touristique plus large. Il appelle aussi à une meilleure gestion du personnel, en réduisant les effectifs à bord durant les périodes creuses afin de limiter les coûts.
Une compagnie sous pression
Ces recommandations illustrent le climat tendu dans lequel évolue Algérie Ferries. Entre les critiques des passagers, qui se plaignent souvent de la qualité du service, les difficultés financières, et la concurrence de compagnies étrangères plus réactives, la compagnie nationale est poussée dans ses retranchements.
Si la saison 2025 n’a pas été marquée par les mêmes désordres que les années précédentes, le spectre des traversées à vide et des créanciers insatisfaits met en lumière les failles structurelles de la gestion de l’ENTMV. Pour beaucoup, la survie et la relance durable de la compagnie passent par une refonte profonde de son modèle d’organisation et une adaptation rapide aux standards internationaux.
L’épisode du navire Béjaïa-Marseille avec seulement cinq passagers illustre les paradoxes auxquels Algérie Ferries reste confrontée : une demande réelle de transport maritime existe, mais les défaillances organisationnelles empêchent de la capter efficacement. Entre la modernisation de ses outils de réservation, l’ouverture plus précoce des ventes, et la nécessité de sécuriser ses finances, la compagnie nationale se retrouve face à un défi de taille. La saison 2025 aura peut-être montré moins de chaos en surface, mais elle confirme que le pavillon national « suffoque », comme le résume le député Mohamed Hani.
